Le feuilleton continue. Nous publions ci-dessous un extrait de la réponse d’Alfred de Musset à la lettre de George Sand. Les blessures d’amour propre des écrivains font très mal et mettent longtemps à cicatriser.
Auparavant, voici notre communiqué de presse diffusé aux médias en espérant les retombées bénéfiques.
COMMUNIQUE
« Pas facile de se faire une place au soleil dans le brouillard du Net. L’éditeur numérique SKA (pure player), créé par Max Obione et Jeanne Desaubry en 2013, compte déjà plus de 130 ebooks à son catalogue, des rééditions et des nouveautés, des écritures contemporaines et des classiques, de jeunes auteurs débutants comme des auteurs confirmés comme Didier Daeninckx. Ces ebooks sont téléchargeables sur sa propre librairie en ligne (ska-librairie.net) et sur toutes les plateformes des librairies du Net. Pour promouvoir la lecture plaisir sur écrans divers, SKA actionne les détonateurs fictionnels les plus performants de tous les temps : Eros et Thanatos, dans deux collections phare : Culissime et Noire Sœur. Afin de marquer leur première participation au salon du livre de Paris, SKA annonce un scoop. En effet, la petite maison d’édition numérique s’apprête à publier un inédit érotique de George Sand avec des lettres et des illustrations. Depuis plusieurs jours, le blog de SKA (skaediteur.net) distille un « teasing » quasi journalier qui conduira à l’explosion de la « bombe » éditoriale début avril 2014.
SKA sera présent au Salon du livre de Paris sur le stand (E49 E59). »
Rouen, le 18 mars 2014
Max obione et Jeanne Desaubry pour SKA
-o-
Lettre d’Alfred de Musset
à George Sand
Où l’on entend la fureur et l’indignation
d’un amant blessé dans son amour propre
d’homme et d’écrivain.
Ah, que d’effets a eu cette lecture sur l’idée que je me faisais de vous ! Je dois vous dire, ma chère, qu’elle m’a plongé dans des abîmes de perplexité; je n’ai pas cru d’abord que vous en fussiez l’auteur. Eh quoi, après avoir vilipendé avec tant d’éloquence ce genre d’écrits, vous vous seriez compromise au point d’en écrire un qui dépassât par son obscénité délirante tout ce que nous a donné la littérature libertine du siècle galant ? Cela n’est pas possible, me disais-je, elle a un complice, elle se joue de moi. Et mon démon jaloux cherchait, parmi vos soldats, qui eût été assez proche de vous pour se prêter à semblable mascarade.
Il se fait que je ne l’ai point trouvé. De ces proches assez soumis pour suivre vos injonctions les plus farfelues, il n’en manque certes pas dans votre cercle, et vous savez ce que je pense de ces promiscuités avec le vulgaire; mais un qui possédât un génie si vif que les situations apparussent devant les yeux du lecteur, je n’en ai point déniché. Ni dans votre aréopage de lourdauds, ni dans aucun des salons que vous honorez de votre présence. J’en ai déduit, ô créature paradoxale et effrayante, que vous en étiez l’unique artisan. Ce recueil, qui sera lu d’une main par les libertins les plus effrénés du siècle, ceux-là même que vous accabliez de votre mépris, est sorti de vos mains si adroites à lever le doigt pour montrer avec exactitude le Beau, le Bien et le Vrai aux égarés.
Ne me parlez plus de vos trépas nocturnes : ils ne sauraient se comparer à mes tortures au fur et à mesure que je me persuadais que vous étiez bien, ô vous qui me fîtes sauter dans des cerceaux à travers toute l’Europe, l’âme assez dépravée pour écrire ce sombre chef-d’œuvre. Par ma foi, c’est ce que vous avez écrit de mieux jusqu’à présent. Laissez-moi maintenant développer par quels arguments je me persuadai qu’on pouvait sans coup férir vous attribuer la… maternité de cet horrible joyau. Maternité ! le mot saint, le mot sacré est lancé. Qu’il vole et virevolte avec ses ailes noires et son ventre ouvert sur toutes les circonlocutions de la luxure ! Qu’il nous assourdisse de ses criailleries dépravées ! Je ne pouvais m’empêcher, en
parcourant ces lignes, d’entendre encore le doux son de votre voix : « Mon enfant… mon ange, mon cher petit… » Ah ouiche ! Je découvre enfin le vrai visage de cette maternelle sollicitude. Il n’est pas de turpitude qui m’ait été épargnée. Croyez-vous que je n’ai pas reconnu mon teint diaphane, mes boucles blondes, ma constitution chétive ? Est-ce ainsi que vous concevez la tendresse ? Dieux ! Vous ne me sauvez qu’après la bataille, et ce que vous enlevez de l’enfer ne saurait plus même servir à la machinerie élémentaire de la vie. J’ai subi tout ce qui se peut endurer à travers mille morts. Et si je me suis reconnu, ne croyez-vous pas que d’autres le feront ? C’est une chose que d’être un débauché, cela a son lustre, on est pardonné; mais être l’objet de la luxure, en être le jouet passif, se voir torchon qui absorbe ses immondices pour être jeté dans les fondrières de l’oubli ! […]
Rappel : sortie exclusivement en numérique d’Inferno de George Sand, début avril 2014 à télécharger sur l’e-librairie de SKA.
Illustration Marie Brizart
SKA AU SALON DU LIVRE DE PARIS STAND E49 E59
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